
La gestion de la crise sanitaire que nous traversons a mis en lumière les changements à apporter à notre monde, à notre façon de le gérer, et par conséquent à nos diverses activités sociales, politiques et professionnelles.
Elle a notamment montré, la nécessité de questionner la mondialisation et le transhumanisme, et celle d’introduire plus d’humanisme et d’humanité dans les objectifs et rouages de nos institutions.
Aller vers le transhumanisme et vouloir plus d’humanisme peut sembler paradoxal. Mais ce paradoxe s’efface lorsque nous regardons de plus près les paradigmes avec lesquels le monde est aujourd’hui gouverné.
L’humanisme s’est tourné progressivement vers un utilitarisme qui s’est bâti sur le « je pense donc je suis », du simple fait des travers à considérer que, du point de vue des élites, l’esprit serait supérieur au corps, oubliant l’humanité qu’il y avait à s’intéresser tout autant aux corps et donc aux individus.
La question de la vision d’un nouveau monde est complexe, et amène de nombreuses autres questions, dont les réponses doivent concerner la cohérence avec laquelle les constituants de ce nouveau monde doivent pouvoir, et devoir s’articuler.
Parmi les questions posées, l’une d’elles concerne le rôle que doit prendre chaque individu dans cette construction. Mais d’autres, non moins importantes, concernent le (s) rôle(s) que vont pouvoir jouer l’éducation et l’enseignement, ainsi que la recherche fondamentale de tous les domaines.
En regardant, avec le recul de l’histoire, la gestion de cette crise par les institutions, ce qui prévaut dans leur fonctionnement est le contrôle, la performance et le résultat.
Ce qui ressort donc, est que ce n’est pas tant le processus qui les intéresse, que les résultats qu’elles traduisent par leur « objectif d’efficacité ». La façon d’y arriver se dilue ainsi dans les différents rouages, avec un éloignement progressif selon la taille des structures.
De cet éloignement naît une volonté de contrôle qui aboutit à pervertir l’action humaine de chaque être humain, et à conduire à la situation dans laquelle nous sommes.
Face à l’efficacité d’une organisation dont la croissance s’apparente parfois à un cancer social, la solution consiste à redonner le pouvoir à la « cellule » pour que celle-ci redevienne saine. Il faut donc se replacer du point de vue de la personne et de sa recherche d’efficience, car c’est elle qui lui permet de devenir « saine ».
Le paradigme de l’efficience, au départ était l’action
A partir de travaux réalisés dans le domaine de la santé physique et mentale dans les activités professionnelles, un modèle de l’efficience a émergé en 2019, posant les premières pierres d’un renouveau possible de la compréhension des problèmes d’activité physique et mentale.
Cette efficience est à l’individu, en partant de l’action et de l’activité physique et mentale, ce qu’est l’efficacité aux organisations en partant des activités professionnelles.
Selon la définition qui s’est imposée à partir de la compréhension de l’activité réelle des individus, l’efficience peut se définir comme :
« Le fait d’organiser puis de réaliser ses actions physiques et mentales, plus largement ses activités sociales, en utilisant ses propres ressources de façon cohérente, pour atteindre les buts partagés, avec le minimum d’efforts pénibles, et avec le maximum d’effets positifs, à court, moyen et long terme, sur soi, les autres et le monde environnant ».
Si nous ne discuterons pas ici de l’outil de compréhension qui conduit à l’efficience de l’action (cinq principes, dont nous ne n’évoquerons ci-après que l’un d’entre eux), nous tenons cependant à commenter succinctement les éléments de cette définition, pour en mettre en évidence les principaux éléments :
- Tout d’abord nos actions physiques et mentales se combinent, l’une dans l’autre et l’autre au service de l’une, les recherches futures le montreront.
- Nous ne pouvons dissocier nos ressources, qui sont donc liées les unes aux autres. Caractéristiques, ressources physiques et mentales, intentions et perceptions se combinent toujours ensemble, dans un tout harmonieux et cohérent, ou non. A l’efficience d’en démontrer les conditions.
- Le fait de partager le but de nos actions, ou non, permet de discuter de la ligne sur laquelle nous distribuons nos actions. Entre obéissance, adhésion, soumission volontaire ou non, cette interrogation est nécessaire pour discuter du partage et de la coordination des actions entre les hommes.
- La recherche du moindre effort pénible, ce qui n’exclut pas celle de l’effort nécessaire pour réaliser l’action et se développer soi-même, doit être une nécessité, sur le plan physique mais surtout mental, car c’est elle qui permet une des régulations nécessaires à la santé.
- Enfin, c’est dans les effets recherchés par l’homme sur lui-même, les autres et le monde environnant que toutes les activités sociales pourront se redéfinir. Car il n’est point concevable que l’homme recherche des effets négatifs sur soi, les autres et le monde environnant. Ces effets doivent donc faire partie a priori de l’efficience.
Un des principes, il y en a cinq, qui organise quelle qu’action que ce soit, est la « distance optimale par rapport à l’axe de l’effort ».
Ce principe, en apparence simple, met en lumière deux choses fondamentales.
La première est que l’action s’organise du point de vue de celui qui l’exécute et nécessite donc d’organiser son action vis-à-vis de cet axe, qui pourra être physique, ou mental.
La deuxième, est, qu’outre sa propre perception, l’individu a besoin d’informations sur le monde pour appréhender cette distance optimale. Et c’est ce que qu’offrent précisément les mondes de l’enseignement et de la recherche, qu’ils puissent apporter celles-ci à nos actions et à nos vies.
Au départ de l’humanité était la recherche « effi-sciente » pour aller vers l’Anthropisme.
Si une efficience est donc souhaitable pour chaque être humain, elle ne peut se faire, pour autant, sans que la société n’offre les conditions pour que celle-ci s’organise et se réalise.
L’enseignement, et a fortiori la recherche concourent tous deux au fait, et à la finalité de l’efficience des êtres humains. Non pas du seul point de vue des organisations, mais aussi de celui de tous les citoyens souhaitant y vivre en harmonie.
Car si l’efficience est une voie possible de développement pour les individus, elle l’est également pour tous ceux qui font de l’enseignement leur métier. L’efficience des enseignants doit ainsi être un objectif de tout ministère de l‘enseignement, que cet enseignement soit primaire, secondaire ou supérieur.
Mais la recherche, qu’elle soit fondamentale ou non, obéit à la même règle, celle d’être l’activité d’un individu souhaitant rechercher, pour lui ou les autres, les réponses à ses interrogations sur le monde.
L’efficience doit donc également prévaloir dans ce domaine et être laissée à l’appréciation de règles prévalant en termes d’efficience des individus, non seulement à celles venant d’entreprises et d’organisations investissant massivement dans la recherche.
Il s’agit donc de permettre à ce que l’efficience des individus de la recherche conduise à une effi-science qui soit au service, non pas des intérêts de certains, mais de l’efficience de l’humanité, permettant à cette dernière d’aller vers l’Anthropisme.
Définition de l’Anthropisme : Théorie, doctrine mais aussi vision, finalité recherchée et conception d’un monde englobant la terre, l’humanité et le monde vivant, dans laquelle est prise en compte l’efficience de l’action humaine visant à préserver l’harmonie de l’ensemble, et comprenant notamment l’élévation de la condition et de la qualité de l’être humain.
