Le nouvel humanisme

Fondée sur l’Utilitarisme et l’Empirisme, la politique sanitaire expérimente aujourd’hui des solutions d’urgence sur la population (confinement, masques, vaccins) dans le but d’éradiquer l’épidémie. Nous traitons l’épidémie en chiffres et en balance bénéfice-risque, mais nous oublions l’humain. Peut-être l’Humanisme occidental a-t-il atteint ses limites.

Quelle pourrait-être, et serait une vision différente de l’humanisme ?

Le point de départ serait de revenir à la source et à la définition du terme.

En grec ancien, l’humain est défini par le terme Anthropos.

Selon une des tentatives de traduction de ce terme, le terme anthropos désigne l’être qui a la faculté de regarder (thoro-) en haut (an-). L’homme peut lancer son regard vers le ciel, et cela le distingue des autres animaux (=zoa, êtres vivants en grec ancien, terme non péjoratif). Surtout l’idée de regarder vers le haut signifie son désir de se grandir, de s’élever dans sa condition d’homme.

[Quelle différence flagrante avec les langues latinogènes, dans lesquelles l’homme (human, hombre, homo, etc.) serait sorti de l’humus, voire de la terre ?]

Quel serait donc un nouvel humanisme fondé sur la notion de l’anthropos ? Platon nous offre déjà une piste :

Pantōn chrēmatōn metron estin anthrōpos,
tōn men ontōn hōs estin, tōn de me ontōn hōs ouk estin ” 
(Platon, Théétète 385E ff.)

En respectant le texte d’origine, la traduction serait :

”  L’homme est la mesure de toutes choses, celles qui sont existantes et celles qui ne le sont pas ”.

Mais si l’« homme est à la mesure de toutes choses », l’humanité, elle, est de plus en plus divisée entre les individus qui la composent, et des organisations de tailles grandissantes qui tendent à les gouverner.

Si les rapports entretenus par l’homme avec la terre, font bien de lui un élément fondamental du monde sur lequel il agit, l’Utilitarisme qui prévaut aujourd’hui s’accompagne de deux idées fortes qui font de cet humanisme un paradigme à faire évoluer d’urgence.

La première est que l’élévation de chaque être humain qui accompagne la notion d’anthropos, semble niée et remplacée progressivement par l’idée qu’il devient une part de cette terre exploitée par les organisations et les États. Dans cet humanisme dans lequel nous sommes maintenus, la condition de l’homme est ramenée à son utilité pour le bien commun parfois, mais parfois pour le seul compte d’un petit nombre au pouvoir.

La deuxième est que la notion de risque qui se retrouve indissociablement associée à l’utilité et au contrôle auxquels l’être humain semble condamné, est celle du risque de ne pas être efficace pour les organisations et les états. Dans ce monde, l’homme devient utile pour les autres, mais aussi par ce qu’il produit, l’instrument de l’élévation des élites. Cela aboutit à ce qu’elles nomment le transhumanisme, où comment s’élever de l’extérieur quand on ne peut le faire de l’intérieur.

Ce transhumanisme, rampant hier, galopant aujourd’hui, imprègne des pans entiers de nos sociétés, enseignement et recherche compris.

Il devient alors urgent de changer de paradigme, et de termes pour désigner et concevoir le monde dans lequel les individus vont pouvoir commencer à agir.

Et si l’efficacité est le moteur et l’objectif des organisations, alors il nous faut conceptualiser puis défendre le point de vue de chaque individu, et notamment les intentions et les effets qu’il recherche dans « l’agir » sur lui, les autres et le monde environnant.

Si le transhumanisme a été créé, c’est que l’humanisme était à réinventer. Pourquoi pas, alors, en revenant à la source avec l’Anthropisme ? (Ou même l’Anthropozoïsme ?)

Enseignement !

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