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UN PRÉSIDENT NE DEVRAIT PAS FAIRE ÇA !

Le 5 novembre 2021 restera dans l’Histoire de la France pour deux dates : la condamnation par la justice d’Alexandre Benalla et la prorogation en force, en violant les règles de la démocratie française, du passe socio-économique, d’inspiration totalitaire chinoise, par le président Emmanuel Macron. Cette cruelle coïncidence démasque l’écart entre les paroles et les actions du président sortant de la République Française.

Le Tribunal de Paris a condamné son ancien proche collaborateur, devenu symbole populaire de la Macronie, à trois ans de prison, dont un ferme sous bracelet électronique, pour ses violences durant les manifestations de la Fête internationale du travail, le 1er mai 2018 à Paris. La magistrate du tribunal de Paris a pointé le « sentiment d’impunité et de toute-puissance » d’Alexandre Benalla, lui reprochant d’avoir trahi la confiance qui lui avait été accordée. Pourtant, c’est Emmanuel Macron lui-même qui s’est prononcé à ce sujet lors de son discours du 24 juillet 2018, sous les applaudissements et les rires complices de la fine fleur de la cour : « S’ils cherchent un responsable, le seul responsable c’est moi et moi seul ! Ça n’est pas la République des fusibles, la République de la haine. On ne peut pas être chef par beau temps et vouloir se soustraire lorsque le temps est difficile. S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher. Je réponds au peuple français et au peuple souverain»1. Une fois n’est pas coutume, on ne peut pas ne pas être d’accord : l’irresponsabilité politique du président de la République n’est pas une irresponsabilité morale et historique et demeure limitée à son mandat.

Et hier encore, le président sortant de la République a une fois de plus répondu au peuple souverain, comme à son habitude depuis le début du mandat, pour lui faire violence, pour l’insulter, pour le déconsidérer. Car comment juger autrement sa conduite désinvolte, par le biais de son premier ministre, envers les élus de la Nation ? À l’Assemblée nationale, l’exécutif a fait voter par ses députés son projet de loi de « vigilance sanitaire », sans accepter la moindre modification par l’opposition, après avoir rejeté également tous les amendements du Sénat. Rarement mépris pour le dialogue démocratique aura été manifesté par un pouvoir sourd à toute critique, à toute suggestion, à toute proposition constructive.

Pourtant l’intrusion brutale de l’exécutif n’a été adjugée qu’avec 118 voix pour, 89 contre et une abstention. Que révèle cette manière impulsive de gouverner un pays ? Tout d’abord une totale infraction au principe de séparation des pouvoirs, pourtant au fondement d’une démocratie civilisée. L’arrivée le 3 novembre du chef du gouvernement en personne pour crier des consignes de vote dans l’hémicycle et admonester les députés restera dans les mémoires : jamais confusion des pouvoirs exécutif et législatif n’aura été aussi flagrante.

Seuls 118 députés de la majorité ont néanmoins répondu aux appels du pied insistants du premier ministre. Comme l’a révélé le député François-Michel Lambert, c’est le « cabinet noir » de la vingtaine de technocrates non-élus autour d’Emmanuel Macron qui dicte aux marcheurs ce qu’il faut voter. Ainsi plus de 200 membres de la majorité auront-ils voté à reculons ou pas voté du tout, en refusant de faire acte de présence pour un président qui les déconsidère comme des simples robots à voter à ses ordres. C’est peu glorieux, mais cela montre malgré tout la déchirure béante au sein de la “majorité”.

Un autre grave problème est l’absentéisme croissant de nos représentants : seuls 208 sur 577 députés étaient présents ; non moins de 369, donc 64 % d’entre eux étaient absents.

Mesdames et Messieurs les Députés, où étiez-vous vendredi matin le 4 novembre alors que devait se décider la prorogation de l’état d’urgence et du passe socio-économique prétendument « sanitaire » ?

Ce projet de loi qui affecte la vie quotidienne de tous les Français, qui concerne le sort de nos enfants, qui affectera le déroulement libre des élections de 2022, aurait dû, dans une démocratie digne de ce nom, faire l’objet d’un débat réel et contradictoire dans une Assemblée Nationale au grand complet. Au regard des revenus substantiels par lesquels la Nation rémunère votre activité à son service, vous n’avez même daigné vous déplacer ? Mais quel employé, dans n’importe quel domaine, peut se permettre un tel luxe ? En revanche, si votre absence est une réponse aux pressions, il vous revient de vous en ouvrir publiquement au lieu d’opposer cette résistance passive et parfaitement inutile. Quoi qu’il en soit, il n’a jamais été plus évident qu’il est nécessaire d’introduire un quorum d’une présence de minimum des deux tiers pour la validation de lois. À défaut, toute loi passée avec un tel seuil d’absentéisme n’est pas représentative et, malgré son vernis de légalité, est tout simplement illégitime. Tel est le cas du présent projet de loi.

Devant cette désertion criante, c’est de manière d’autant plus lumineuse qu’apparaît la résistance des forces républicaines qui ont tenté de faire barrage devant le déferlement autoritaire du président. Il faut surtout applaudir la dignité et la gravité du Sénat, l’opposition coriace des forces démocratiques à l’Assemblée, où la loi n’est passée qu’avec une courte majorité. Et il faut surtout souligner le courage des quelques membres de la majorité, pas nombreux, mais d’autant plus méritants, qui ont su mettre les intérêts de la Nation et de la démocratie au-dessus de la discipline de parti, bravant les ordres du « cabinet noir » présidentiel.

Notre syndicat a longuement analysé ce projet de loi dans un communiqué précédent adressé aux élus de la Nation2. Il suffira d’ajouter ici que prolonger l’état d’urgence sanitaire et conférer les pleins pouvoirs au président sortant de la République jusqu’au 31 juillet 2022 pose également un grave problème électoral. Le sénateur Philippe Bas l’a parfaitement exprimé : « derrière votre intransigeance, derrière la fin de non-recevoir que vous nous opposez il y a nécessairement pour nous le soupçon que des intentions politiques aient pu être présentes » dans la position du gouvernement3. Explicitons : la loi confère la possibilité de restreindre ou de trier l’accès des électeurs aux urnes, de mettre en place le vote électronique facilement falsifiable, voire même d’annuler les élections législatives et présidentielles pour cause de « pandémie ». En voilà une excuse en or pour les apprentis dictateurs qui souhaiteraient conserver le pouvoir en évitant la sanction des urnes ! Le président sortant de la République, qui aime s’appuyer sur Machiavel et Sun Tzu, nous a suffisamment appris à ne jamais le sous-estimer et qu’au contraire il faut s’attendre de sa part à tout. L’opposition sera avisée de cesser d’évoquer le danger de dictateurs futurs qui pourraient s’emparer de ces pleins pouvoirs après avril 2022 et se concentrer sur le présent.

Tout ceci est d’autant plus inquiétant que cette tragédie démocratique se superpose à un effondrement du système hospitalier sans précédent, causé précisément par l’application depuis août 2021 du passe socio-économique, qui est en train de vider nos hôpitaux de médecins et de soignants. Nous l’avons également traité dans un communiqué appelant à la démission du ministre de la santé, Olivier Véran4. Juste avant les premiers frimas qui permettent une résurgence des virus, non moins de 20% des lits des hôpitaux en France se retrouvent démunis de personnel, en raison du licenciement de dizaines de milliers de soignants et de médecins, en application de la vaccination obligatoire édictée dans le cadre du passe socio-économique. Face à ce désastre, qui met en danger la vie de millions de Français, le ministre de la santé est en plein déni des réalités et se défausse de ses responsabilités devant les parlementaires. Car ce manque de personnel n’est pas une fatalité, mais bien le produit de décisions déraisonnables d’une équipe dont la conduite chaotique et autoritaire a marqué la gestion de la crise sanitaire depuis mars 2020. Or le projet de loi qui vient de passer permet aux responsables du désastre de rester aux mannettes pour l’approfondir encore. Car, à une problématique sanitaire, tout ce que l’exécutif sait concevoir comme solution est la mise en place d’un système de surveillance généralisée, que l’on appelle dans la novlangue « vigilance sanitaire ».

C’est donc une victoire à la Pyrrhus qu’a emportée l’exécutif contre la Nation : tout autoritarisme dans la forme n’est que l’expression d’un manque d’assurance. Le président n’arrive même plus à faire marcher les marcheurs. Cette marche forcée, à la baguette, sous la férule, contre les règles, les us et les coutumes de la démocratie française n’a fait que révéler à qui en doutait encore les desseins de l’équipe au pouvoir de biaiser les élections de 2022 et de s’auto-perpétuer.

Désormais ce n’est plus uniquement la santé des citoyens qui est concernée, mais aussi la santé, peut-être même la vie, de la démocratie française.

Que va donc annoncer le président sortant de la République ce 9 novembre dans son septième discours « de guerre » depuis le début de la crise et dès qu’il a reçu les pleins pouvoirs de la part d’un quart des députés, au mépris du Sénat ? Qu’après ses bisous et ses accolades sans gestes barrières, et l’allégeance à Angela Merkel, les Français devraient de nouveau ne plus se relâcher et garder la distanciation sociale ? Qu’après la danse du président à l’Elysée, le 15 octobre, entouré de stars se déhanchant sans masque, les enfants devraient remettre le leur dans toutes les écoles ? Que, alors qu’il n’a jamais expliqué de manière crédible la différence de date sur son passe sanitaire (il aurait été vacciné le 31 mai, alors que les données de l’Assurance maladie indiquent la date du 13 juillet)5, les Français devraient faire la queue pour une troisième dose pour conserver leur propre sésame « sanitaire » ?

Non, Monsieur le président sortant de la République, un président ne devrait pas faire cela. Votre volonté de pouvoir absolu, votre tentative d’écraser toute opposition laisse désormais voir en pleine lumière, et dans sa nudité la plus crue, le néant régnant autour de vous, comme l’ont montré implacablement Fabrice Lhomme et Gérard Davet dans leur dernier livre, Le traître et le néant. Tout comme votre jeu de dupes sur SMS avec le premier ministre australien a marqué, pour vous citer, une « rupture de confiance » avec l’Australie, vos contre-verités assenées aux Français et votre brutalité envers les représentants de la Nation marquent une « rupture de confiance » irréparable avec la France. À l’intérieur comme à l’extérieur du pays, votre crédit s’épuise. Et pour cela, nous n’allons pas chercher des boucs émissaires, car notre France n’est pas la République des fusibles. « S’ils cherchent un responsable, le seul responsable c’est moi et moi seul (…) Je réponds au peuple français et au peuple souverain ».

1 « Macron sur l’affaire Benalla : Le seul responsable, c’est moi », Le Monde, 25 juillet 2018, https://www.youtube.com/watch?v=_e0XFhEmiS4.

2«  Lettre ouverte aux Sénatrices et aux Sénateurs de la République Française contre le projet de loi n°4565 prévoyant la prorogation du passe sanitaire et de l’état d’urgence », https://www.enseignementrecherchelibertes.fr/newpage24fd4526.

3 « Passe sanitaire: « Il n’y a pas eu de discussion car vous l’avez interdite », dénonce Philippe Bas », Public Sénat, 4 nov. 2021, https://www.youtube.com/watch?v=pqKz1jO4sUM

4 « ERL ! exige la démission du ministre Olivier Véran, du premier ministre Jean Castex et le retrait total du projet de loi de « vigilance sanitaire », https://www.enseignementrecherchelibertes.fr/newpagee07ce375.

5 Michaël Hajdenberg et Antton Rouget, « Imbroglio autour de la vaccination de Macron », Mediapart, 26 août 2021, https://www.mediapart.fr/journal/france/260821/imbroglio-autour-de-la-vaccination-de-macron?onglet=full.

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